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Ukraine2014
4 septembre 2014

Les volontaires du Donbass

ishot-6

La journaliste Elena Kostyoutchenko (Novaya Gazeta) interviewe un volontaire du Donbass.

http ://www.novayagazeta.ru/society/65096.html

L’homme a une trentaine d’années, il a participé à de nombreuses campagnes militaires russes de maintien de la paix. Dans le civil il travaille pour un service de sécurité. Après avoir séjourné à Rostov pendant une semaine, il a franchi hier la frontière russo-ukrainienne avec son bataillon.

Qu’est-ce qui est arrivé aux paras de Pskov ?

Je sais qu’ils sécurisaient le corridor jusqu’à la frontière et que certains sont morts.

C’étaient des conscrits ?

Comment dire ? Au bout de 6 mois de service militaire, on a le droit de signer un contrat d’engagement. Tu sais bien ce qu’on dit à la télé : ils ont pris sur leurs congés, ils sont là contre la volonté du Ministère de la Défense.

C’est donc l’armée régulière ?

Oui.

Pourquoi y a-t-il aussi des volontaires alors ?

L’armée régulière coûte plus cher. Et puis ils pensaient sans doute qu’il y aurait davantage de volontaires, que ce serait suffisant pour gagner la guerre.

Comment se passe l’engagement des volontaires ?

Il y a plusieurs canaux. Si on a de l’expérience dans un domaine pointu, on s’adresse aux bureaux de recrutement de l’armée, ce genre de spécialistes (comme les éclaireurs ou les groupes de diversion) est  tellement recherché qu’on vient même les chercher à leur domicile.

Ensuite, il y a les associations d’anciens combattants. Il y en a beaucoup : « Fraternité Combattante », « Vétérans des combats », « Anciens d’Afghanistan », « Guerriers Internationalistes » … Pendant les réunions, on demande qui veut aller se battre, il y en a toujours qui lèvent la main. Ce sont pour la plupart des retraités de l’Armée, qu’on a renvoyés dans le civil à la suite des réformes de Serdioukov, par exemple. On les convoque, ils subissent un entretien avec le FSB. Mais c’est juste une formalité, on les prend tous.

Tous ?

Mais oui. J’en ai vu un, ici au point de rassemblement de Rostov : on lui demande son adresse. Il avait l’air embêté. Mais enfin, qu’on lui demande, tu vis bien quelque part ? Il avoue alors qu’il dort dans une gare, c’est là qu’on l’a ramassé. Il y a également des gens assez âgés. Des malades mentaux, aussi. Il y en a un ici, il est oligophrène, on lui a confié la cuisine, il faut bien que quelqu’un s’en occupe ! Comme les recruteurs sont payés au nombre de recrutés, ils ne font pas trop le tri ! Par contre, ils ne prennent pas ceux qui ont moins de 25 ans, ils risquent de ne pas avoir encore coupé les liens avec leurs familles.

Mais le recrutement principal vient de la Cosaquerie : « Union des Cosaques de Russie », « Grandissime Armée du Don » … Ils se détestent entre eux, mais on en prend dans les deux organisations. On joue sur leurs sentiments patriotiques ou bien on les allèche avec de l’argent, certains n’en ont jamais vu autant.

C’est-à-dire ?

La somme est transmise aux commandants, c’est eux qui la distribuent ensuite. Ça dépend de chaque bataillon. Dans le mien, par exemple, ça va de 60.000 à 90.000 roubles par mois, et plus pour les commandants. Il y a aussi un tarif pour blessures : légère /120.000, assez grave /180.000, très grave / 360.000. Difficile de savoir quels sont les critères exacts. Tu te fais toi-même une entaille à la jambe, et hop ! C’est bien une blessure légère, non ? Quant aux 360.000 promis aux familles des morts et le remboursement des frais d’obsèques, là il n’y a plus personne pour vérifier !

Mais vous êtes payés régulièrement ?

Il peut y avoir des surprises. Il y a deux semaines, un ataman cosaque (son nom de code est « Terek ») s’est enfui avec la caisse. Si tu considères qu’ils étaient une centaine d’hommes dans son détachement, à 2.000 ou 3.000 dollars par tête, tu fais vite le calcul. Le FSB a commencé à enquêter, mais si Terek partage avec qui il faut, il ne lui arrivera rien.

Les atamans cosaques sont pour la plupart des aventuriers, ils s’inventent des grades : celui qui était caporal dans l’armée devient colonel dans le Donbass. Ils ne se sont jamais battus, mais ont déjà 3 étoiles sur leurs épaulettes. Quand on les voit au combat, on mesure leur incompétence : un ataman, il s’appelle « Samouraï », capitaine de milice dans la région de Primorié, a envoyé tous ses gars à la mort, pas loin de Snejnoïe, à Dimitrovka, je crois. Presqu’aucun ne s’en est tiré, mais lui est reparti en Russie en recruter de nouveaux. Ces atamans empochent également une partie des compensations qu’ils devraient distribuer aux blessés, mais qui va les contrôler ?

En tout cas, on est prévenus qu’on est payés pour blessure seulement si on retourne dans son bataillon. Si on part rejoindre un autre commandant, on se rend coupable de mercenariat, et c’est un crime pénal. De retour en Russie on se retrouve en prison.

Mais pourquoi ?

Pour éviter l’anarchie. Il faut revenir avec les gars avec lesquels on est parti.

Sait-on d’où vient l’argent ?

Je ne peux rien affirmer, certains disent que c’est Ianoukovitch et son entourage qui le donnent.

A quel moment l’argent est-il remis ?

Juste avant le départ. Les gars donnent leur numéro de compte en banque et le commandant va à la banque la plus proche pour effectuer le transfert.

Comment se passe le départ ?

Après l’entretien en tête-à-tête, on part à Rostov. On ne connaît pas le lieu de rassemblement, on vient nous chercher à la gare et on nous rembourse nos billets.

Vous achetez le billet vous-mêmes ?

Bien sûr, autrement le mec risque de se faire rembourser le billet et ne pas partir. Ce que je vous raconte n’est pas officiel, mais ça peut arriver : le billet d’avion coûte 20.000 roubles. Le recruteur dit avoir engagé 100 volontaires. Il se fait rembourser les billets et il disparaît avec les deux millions. C’est ça, la Russie !

Où se trouve le point de rassemblement ?

Il se trouvait au camp de vacances « Minplit », maintenant je ne sais pas. On donne tous ses papiers d’identité et cartes bancaires contre signature. Il faut qu’il soit impossible de prouver que nous sommes des Russes. On nous prend nos empreintes, on nous photographie. Le FSB local vérifie les casiers judiciaires et les dossiers militaires. Certains ne sont pas retenus à l’issue de ce contrôle.

Ensuite on décide de notre nom de code et on nous envoie sur « l’Ile Verte », une petite île au milieu du Don, dans Rostov même, où se trouve le camp de vacances « Karavaï ». On vit à quatre dans des sortes de maisonnettes. Quand ils font l’appel, on répond avec nos noms de code.

D’autres personnes vivent dans ce camp ?

Non. Les gens du coin viennent parfois nous regarder courir sur la plage. Ça les énerve plutôt de voir tant de monde en treillis, ils se rendent bien compte qu’on n’est pas des soldats réguliers, ça leur fait peur. Quelquefois ils ont même appelé la police … Et puis, il y a les journalistes qui essaient de prendre des photos, ils sont tout de suite interpelés, on note leur identité et après je ne sais pas ce qui leur arrive.

Qu’est-ce qui se passe au camp ?

En attendant qu’il y ait assez de monde pour qu’on nous envoie sur le polygone, on fait des exercices. Tout dépend si le commandant a vraiment envie qu’on soit préparé : culture physique, cours sur les explosifs, exercices tactiques, cartographie … Mais il n’y a pas d’armes sur l’île, je vous le dis tout de suite. Certains s’en vont d’eux-mêmes quand ils voient le bordel ambiant.

Tenez, un cadre de l’armée est arrivé, il devait devenir le commandant du bataillon. Il a regardé l’organisation générale, a commencé à poser des questions. Tu veux faire l’intelligent ? Fous le camp d’ici ! Et on a nommé à sa place un alcoolique auquel il manquait toutes ses dents … 

Ensuite, ce sont les exercices de combat sur le polygone. Ça ne dure que quelques jours, très vite certains comprennent à cette étape que c’est trop dur pour eux physiquement et ils abandonnent. Là, on nous donne des armes et une sorte d’uniforme spécialement conçu pour ne pas ressembler à celui de l’armée russe, mais qui permet par sa couleur de se fondre dans les paysages du Donbass.

Si on doit former un bataillon de tir motorisé, on nous confie des tanks et des blindés. Et là aussi, c’est le bordel : « Vous, les trois tankistes, vous serez maintenant artilleurs. » Tu trouves ça normal ? Apprendre tant de choses en si peu de temps, tu comprends ça ? Et c’est parti pour se battre contre les Ukrops !

Quant à la distribution des armes, c’est du n’importe quoi. Il suffit de dire : « J’appartiens à tel bataillon, j’ai besoin de deux kalachnikov et d’un véhicule. » Et on te les donne, même pas besoin de signer ! Bref, quand on est assez nombreux, on donne nos portables et c’est le départ. On nous précise les objectifs ou bien juste avant la frontière ou bien à l’arrivée à Lougansk ou à Donetsk.

Il est où, ce polygone ?

Avant, il était près du village de Vessely, c’était juste un grand champ : le nombre de gens ! Il y avait les combattants qui revenaient normalement avec leur groupe du Donbass, mais aussi des déserteurs et tout ce monde dormait n’importe où, à la belle étoile, dans les buissons, avec juste un sac à dos sous la tête. Dans l’attente qu’on les renvoie chez eux. J’y ai vu des femmes qui essayaient de retrouver leur mari, on les autorisait à rester pour éviter qu’elles fassent du scandale. Un désordre incroyable.

Après le polygone a été déplacé près de Persianovka, il s’y trouvait parfois jusqu’à un millier de personnes en même temps. Maintenant le polygone est à Kouzminka (*le général russe Chamanov y a dirigé en mars des exercices à grande échelle, avant l’annexion de la Crimée), c’est plus près de la frontière et donc plus commode.

Quelle est la fréquence des passages de la frontière, en hommes et blindés ?

Pratiquement chaque jour.

Pourquoi les insurgés se plaignent-ils alors du manque d’armement lourd ?

Je ne sais pas. Chaque détachement arrive avec ses tanks et toute l’artillerie nécessaire. Il est vrai que dès les premiers combats, c’est le plus souvent réduit à un tas de ferraille, un péquenot ne vaudra jamais un vrai spécialiste. Et à quoi bon des munitions, quand il n’y a plus d’essence ? Je sais que tous les blindés et les armes, c’est la Crimée qui les a fait parvenir à Rostov. C’est ce qui restait dans les garnisons quand les Ukrainiens ont dû les évacuer. Que du matériel ukrainien, dûment enregistré par le SBU qui le suit à la trace.

Y a-t-il d’autres façons de traverser la frontière ?

Bien sûr, il y a des fous qui passent par des chemins défoncés. Et d’autres groupes organisés. Je sais qu’il y a deux réceptifs à Rostov. Le bataillon Vostok a son propre système, ils sont accueillis ailleurs pour éviter les conflits, car ce sont surtout des Tchétchènes. On écrit sans arrêt que ce sont des Kadyrovstsy, absolument pas ! Ce sont surtout des Soulimovstsy, des hommes qui ont servi chez Soulim Yamadaïev. Et juste quelques uns qui appartiennent au régiment Akhmat Khadji de Kadyrov.

Il existe encore un lieu de recrutement dans la banlieue de Moscou, près de Solnetchnogorsky, mais c’est seulement pour les spécialistes les plus pointus, le tri est très sévère. Je ne voulais pas passer par ce canal, on y met beaucoup plus de temps à former les groupes et à les envoyer. Je ne voulais pas attendre indéfiniment, comme mes amis et camarades qui sont passés par là.

Qui organise tout cela ?

Ça a commencé avec la Cosaquerie, le FSB s’est chargé de la confidentialité et le ministère de la Défense a pris en charge l’aspect matériel. Il est question maintenant de nous donner un statut spécial, une sorte de contrat avec la Défense comme « spécialistes civils ». Ils vont fabriquer des jetons, à la façon des plaques d’identification des soldats, mais pas tout à fait. Parce que le problème de reconnaissance des corps commence à se poser sérieusement.

Il y a beaucoup de pertes ?

Les pertes sont énormes. On n’en a pas eu autant pendant les guerres tchétchènes. Ceux qui arrivent ici, dans leur majorité, n’ont aucune expérience. Dans chaque effectif, on compte jusqu’à 50% de morts, de blessés et de déserteurs. Beaucoup ne comprennent pas dans quoi ils se sont engagés. C’est une vraie guerre, une guerre totale. Une fois qu’ils se sont frottés au combat, beaucoup jettent leurs armes et s’enfuient.

J’ai rendu visite à un détachement de 300 hommes. Dès la 1ère semaine, il avait eu 200 morts et blessés. L’artillerie les avait tirés comme des lapins. Un autre détachement : sur un effectif de 82 hommes, 30 blessés et 19 morts dès les premiers jours. Si le commandant a les nerfs solides, il essaie d’organiser un couloir d’évacuation pour les morts et les blessés. Mais on n’y arrive pas toujours. Soit que les Ukrainiens n’acceptent pas l’échange des corps, soit que les insurgés ne sachent pas par où passer. On les enterre sur place. Tu es mort, et tes camarades de combat ne connaissent que ton nom de code.

Il y a des chefs de guerre qui décident d’appliquer la loi martiale, ils font fusiller ceux qui sont surpris à voler. Il faut aussi les compter parmi les pertes. Mais chez nous, les volontaires, ce n’est pas fréquent, le pillage, c’est plutôt l’affaire des insurgés. D’ailleurs la population locale est mieux disposée envers nous, parce que nous on demande, on ne menace pas.

Je dois dire que jusqu’au 4 juin, il n’ y a pas eu d’enquête réelle sur les pertes au sein des volontaires. Combien sont morts jusqu’à cette date, personne n’en sait rien. Si vous saviez le nombre de passeports qui s’empilent sur les étagères à Rostov ! Une des filles qui travaillaient au point de rassemblement a disparu il y a 3 semaines avec une partie des listes. Il paraît que c’était une patriote ukrainienne. On a prévenu les gars qui étaient sur cette liste qu’ils ne pourraient sans doute plus sortir.

Si on arrive à rapatrier le corps d’un combattant jusqu’à Rostov, on désigne des gens qui vont se charger de le ramener à sa famille. Je crois que ça passe par Voïenved (* ancienne garnison de Rostov où se trouve l’hôpital 1602 et la morgue). C’est normalement le FSB qui s’en charge, mais il m’est arrivé d'y participer .

Comment ça ?

J’avais reçu un SMS d’un n° de téléphone ukrainien concernant un « cargo 200 ». J’ai rappelé et on m’a confirmé. J’ai téléphoné à sa famille. Maintenant ils m’en veulent, ils disent que je suis coupable, parce que je savais qu’il était en Ukraine alors qu’eux l’ignoraient. C’est un peu la raison pour laquelle je suis ici. Il y a pas mal de gars qui font exprès de ne pas donner le numéro de leurs proches quand ils remplissent les formulaires.

Et pourquoi ?

Je ne suis pas dans leurs têtes, la situation est différente pour chacun. Dans mon détachement, il y a un type dont la femme en est au 7ème mois de grossesse. Et un autre qui raconte à ses parents qu’il travaille à la construction du métro de Rostov pour le Mondial de 2018.

Les tiens savent pour toi ?

Oui.

Et comment ils le prennent ?

Ils sont contre. Mais je n’ai pas beaucoup de parents.

Tu peux m’expliquer pourquoi tu viens te battre ici ?

Deux raisons. La première, et c’est la plus importante, c’est qu’ici il y a une part de vérité. Beaucoup de sang a été versé et le gouvernement de Kiev en porte la responsabilité. Il faut renverser ce pouvoir, mais sans conflit armé, c’est impossible. Je ne suis pas pour Strelkov, Bezler ou Tsariev, je suis pour les gens qui vivent sur cette terre.

Et ensuite, les plus beaux jours de ma vie, ceux dont je peux être fier, ce sont ceux que j’ai passés à la guerre. Je ne peux pas supporter de voir à la télé ce qui se passe ou de l’apprendre par mes amis qui se battent. C’est impossible. Pour qui vais-je passer à leurs yeux ? Maintenant je me bats entouré de mes camarades et si je peux, je leur sauverai la vie, je ferai tout pour ça. Et ils sont bien, ces gars, la plupart ne boivent ni ne fument. On a été nombreux parmi les gens de ma génération à quitter l’armée parce qu’elle se dégradait. Après cette guerre, je reprendrai du service.

 

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Commentaires
C
Krispoluk<br /> <br /> Pas de problème !<br /> <br /> Mes trolls ne restent pas.<br /> <br /> Les gens qui discutent le font sincèrement.
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M
Merci de cet agréable accueil. L'article était vraiment informatif et surtout captivant. Je n'hésiterai pas de revenir :)
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M
Des questions, des réponses. Excellent article!
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K
Bon, je vais suivre la directive de la Chef, sur l'ordre des commentaires ;-)<br /> <br /> Alors réponse à Tarkan sur son topic : <br /> <br /> "Kris; on peut tout de même se demander où sont passés ces blindés flambant neuf qu'on a vu lors de cette parade alors que les volontaires du Donbass se baladent avec de vieux BTR rouillés."<br /> <br /> Réponse : Tarkan, je n'en sait foutrement rien, je ne suis pas dans le secret des Dieux... <br /> <br /> Maintenant, la lutte "ouverte" entre le potentiel militaire Ukrainien contre le potentiel militaire Russe, ça peut ressembler à la "lutte du pot de terre contre le pot de fer". Juste ressembler, car l'Ukraine combat pour une cause juste, son intégralité territoriale alors que la Russie est engagée dans une guerre néo-coloniale désapprouvée par une part croissante de sa population et que cette désapprobation va finir par se traduire dans des faits politiques.
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K
Oui, déjà vu Orkenny.<br /> <br /> Bof ! Localisation ? A "côté" de Marioupol ? Il est vrai que les terroristes ont massé beaucoup de "Grad" et d'unités d'artillerie dans le secteur. <br /> <br /> Bon, ils bombardent des champs. Peut-être pour favoriser les récoltes des fermiers ukrainiens ;-)<br /> <br /> Plus sérieusement, je pense qu'ils hésitent beaucoup avant de s'aventurer dans une conquête militaire de Marioupol, donc ils essayent de créer la panique dans la ville en terrorisant la population civile et en essayant de provoquer un exode massif... Nous verrons bien, raison garder avant tout !
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