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Ukraine2014
26 mars 2014

Théâtre de la Taganka

ishot-6

Conséquence des aventures guerrières du Kremlin en Ukraine : l'atmosphère en Russie devient pesante, on y utilise de plus en plus des expressions comme "traître à la nation" ou "cinquième colonne". Le monde de l'Art n'y échappe pas. 

Le journaliste Matveï Ganapolski, sur les ondes d'Echo de Moscou aujourd'hui, au sujet du théâtre de la Taganka. A lire ou écouter ici :

http://echo.msk.ru/programs/replika-ganapolskiy/1287598-echo/

Et maintenant, ils s’attaquent à la Taganka ! Le sénateur Oleg Pantéléiev considère que ce théâtre fait dans ses spectacles la propagande de l’amoralité, de la violence, de l’homosexualité, de la pédophilie et du suicide.

Ici, le mot important, c’est le mot « propagande », car il permet de fabriquer un acte d’accusation contre la troupe et la direction et éventuellement de faire fermer la Taganka. Je comprends que le théâtre, étant  un miroir artistique de la vie, peut en refléter tous ses aspects, mais la loi russe s’arroge le droit d’appeler ça de la propagande pour pouvoir fermer et enfermer, enfermer et fermer.

Tout ça, je l’ai déjà vu dans ma jeunesse quand je courais à la Taganka pour assister aux répétitions. Combat pour pouvoir monter chaque spectacle, accusations d’antisoviétisme, de mauvais goût, d’absence de patriotisme … Mais il y avait Lioubimov, il était la fine fleur de l’intelligentsia et se battait pour son théâtre. 

Tous les gens de cette époque sont morts, ou ont émigré, ou sont très âgés. Lioubimov lui-même est fâché avec la Taganka. Personne donc pour la défendre contre ces « patriotes » assoiffés de sang qui préparent consciencieusement l’acte d’accusation. En fait, c’est bien que certains soient morts, ou aient émigré, ou soient très âgés : ils ne voient pas cette honte, cette humiliation, cette nouvelle vague de règlements de compte contre leur cher théâtre. 

C’est comme un retour dans le passé : hier, une cuisinière pouvait juste rêver d’être à la tête de l’état, aujourd’hui, un sénateur peut vraiment se transformer en critique avec droit de vie et de mort sur un théâtre.

Surtout, c’est bien que Tchékhov soit mort, lui qui disait que si un fusil était accroché au mur au début d’une pièce, il fallait absolument qu’on s’en soit servi avant la fin.

Parce que ça, Anton Pavlovitch, c’est de la propagande pour les armes …

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