Nadia Savtchenko : les manoeuvres russes
Youri Grabovsky, l’avocat qui assure la défense d’un des deux militaires du GRU capturés dans le Donbass, ouvre son clapet pour retransmettre la Voix de Moscou : http://www.unian.net/society/1275253-obmen-savchenko-na-rossiyskih-diversantov-budet-oznachat-priznanie-vinyi-letchitsyi-advokat-grushnika.html
« S’il y a échange entre Savtchenko et les deux spetsnaz, cela signifiera que l’Ukraine reconnaît la culpabilité de la pilote et cela portera atteinte à son image dans la communauté internationale. Il aurait mieux valu suivre la procédure légale, passer par toutes les étapes juridiques russes (appel et cassation), porter ensuite l’affaire devant le tribunal de l’UE pour les Droits de l’Homme et attendre sa réponse. (* Bref, laisser mijoter Nadia un ou deux ans au Goulag ?) Ce n’est qu’à ce moment-là que l’Ukraine devrait demander à la Russie que Savtchenko puisse effectuer sa peine en Ukraine. »
A la question d’un journaliste : « Vous savez donc quelque chose de précis sur un échange entre Savtchenko et vos clients ? »
Réponse de Grabovsky : « Ni moi, ni Oksana Sokolovskaïa, n’avons encore été informés d’une telle éventualité, je tiens toutes mes informations des médias. »
Il paraît que les deux officiers du GRU, jugés actuellement à Kiev, affichent des sourires ravis depuis qu’on leur a parlé d’un échange possible. Ils ne se rendent pas compte que leur patrie reconnaissante les condamnera, s’ils ont de la chance, à une vingtaine d’années de camp pour trahison. Comme ils seront sans doute jugés à huis clos par un tribunal militaire, une autre issue, plus définitive celle-là, n’est pas à exclure, et elle leur fera regretter de ne pas avoir accompli leur peine dans une prison ukrainienne…
La Cour constitutionnelle russe avait décrété, avant que le procès Savtchenko ne commence, qu’une femme inculpée de crime ne pouvait pas être jugée par un jury populaire. Elle décrète aujourd’hui, alors que s’achève le procès Savtchenko, qu’une telle décision était anticonstitutionnelle, précisant que cela ne concerne pas Savtchenko, dont l’affaire est déjà en train d'être jugée par une troïka de juges.
http://www.svoboda.org/archive/radio-svoboda-news/latest/16564/16564.html?id=27573059
Je vous mets les sous-titres : La Russie veut pousser Nadia à faire appel de sa prochaine condamnation, en lui donnant l’illusion que son affaire pourrait être rejugée par un jury populaire. Le but, comme on le voit avec les manœuvres de Grabovsky : gagner du temps et faire durer le plus possible le statu quo : Poutine a une otage et il veut la monnayer au prix fort, au moment qui l’arrangera. D’après les rumeurs, la partie russe n’évoque jamais un échange avec les deux militaires russes : c’est pour elle de la valetaille, de la future poussière de goulag. Poutine aurait demandé un couloir terrestre vers la Crimée en échange d’une grâce pour Nadia. Ce qui lui aurait été refusé lors d’une des réunions au format normand.
De toute façon, Nadia reste ferme sur sa décision: elle ne fera pas appel de sa condamnation, parce que les termes Russie et Justice s'excluent mutuellement.
Feygin et Polozov viennent de passer deux jours à Kiev. Voici leurs interventions sur deux chaînes ukrainiennes :
https://www.youtube.com/watch?v=rdYH9KlRdPQ&sns=tw
https://www.youtube.com/watch?v=kRto9aw4UnA&feature=youtu.be
Après-demain, le 27 février, marche à Moscou pour honorer la mémoire de Boris Nemtsov. Les avocats de Nadia y participeront et seront à la tête d'une colonne exigeant la libération de Nadia Savtchenko. Le tracé du cortège proposé par les organisateurs a été refusé par la mairie de Moscou, pas question de s'approcher des murs du Kremlin ! L'itinéraire conduira les participants de la place Pouchkine à la perspective Sakharov. Sacha Sotnik, lui, a déjà fait son choix :
"Je ne passerai plus à travers les portails de contrôle de la flicaille. Boris m'aurait compris : j'irai, comme l'année dernière, jusqu'au pont."
Feygin : "S'il ne l'arrête pas comme sa soeur, Vera sera avec nous !"
Nadia est en grève de la faim depuis 10 semaines.