J’ai mon beau-frère en face …
Ceux qui lisent ce blog, et je les en remercie, ont peut-être remarqué que je m’intéressais assez peu aux statistiques car, pour aussi justes qu’elles soient, elles ne reflètent pas toujours les situations vécues de l’intérieur par les individus. A la question la Crimée est-elle russe ? je répondrais que oui, elle appartient bien à la sphère culturelle russe et je n’ai pas besoin de chiffres pour argumenter cette réponse. Peu me chaut l’effectif du contingent autorisé de l’armée russe dans ses bases de Crimée, sans intérêt pour moi les résultats d’un référendum biaisé qui, sans les tricheries et l’hystérisation qui l’ont accompagné, aurait tout de même donné une courte majorité aux tenants d’un rattachement à la Russie.
Oui, dans l’imaginaire collectif, la Crimée est bien une province russe, exotique, méridionale et source d’inspiration pour les plus grands écrivains et artistes : Pouchkine chantant la fontaine de Bakhtchisaray, Volochine à Koktebel accueillant Tsvetaeva, Mandelstam, Goumiliev, Biely, Boulgakov ou Zochenko, Grine et Aïvazovsky intimement liés à Feodossia, et Tchekhov écrivant dans sa datcha blanche d’Aloupka Les trois sœurs, la Cerisaie et La Dame au petit chien. Sans oublier que Sévastopol et Balaklava appartiennent au patrimoine mémoriel russe …
De toute façon, la question ne se posait pas à l’époque soviétique et elle ne s’est pas posée non plus après l’indépendance. La vie était paisible, des mariages se faisaient, des amitiés se nouaient, les futurs soldats étudiaient dans les mêmes écoles et, non, les russophones n’étaient pas opprimés lors des examens, il leur suffisait de préciser avant dans quelle langue ils souhaitaient les passer. Et les Tatars, eux aussi vivaient heureux, sur cette terre qu’ils n’espéraient plus revoir …
Je ne reviendrai pas sur les évènements qui ont conduit à ce raskol, ce divorce soudain où les Criméens ont dû choisir entre père et mère parce ceux-ci divorcent. Parce que le Kremlin les a divorcés.
Un commentateur de ce blog affirme que 90% des soldats et marins ukrainiens sont passés du côté russe. C’est possible. Mais je ne sais pas quelle conclusion il en tire: ils sont donc lâches ? c’est par amour pour la Russie ?
Alors, écoutons-les, ils s’expriment devant les caméras qui arrivent encore à filmer. Quand on leur demande Pourquoi n’avez-vous pas résisté ? Pourquoi avoir prêté serment au drapeau russe ?, voici les réponses que j’ai entendues ces derniers jours sur les télés ukrainiennes.
« L’officier qui nous a signifié l’ultimatum, c’est mon beau-frère. »
« J’ai participé à des manœuvres communes avec ceux qui nous assiègent. Le soir, on buvait ensemble.»
« Comment voulez-vous que je tire sur ces gars masqués, si ça se trouve, parmi eux, il y a un copain d’école ! »
« Moi aussi, je suis slave, ce serait comme tirer sur un frère … »
« Ecoutez, j’en ai marre, ma femme me dit sur le portable que les enfants n’en peuvent plus de l’obscurité, les voyous du nouveau pouvoir ont coupé l’électricité dans les HLM où habitent nos familles, faut arrêter ça, de toutes façons, on n’est qu’une poignée et devant, c’est toute la Russie qui est contre nous. Je me démobilise tout seul et je les emmène à Kherson où on a des parents. »
Voilà, ce ne sont pas des chiffres, ce sont des gens. Des êtres humains.
Voici maintenant deux brèves datant d'hier. Ce sont des conséquences : touristes kieviens délogés et Tatars excédés ...
Украинцев выкидывают на улицу из крымских здравниц
Des familles ukrainiennes, venues de Kiev le 20 mars, avec un bon de séjour de 3 semaines acheté avant l’occupation, n’ont pu passer qu’une seule nuit dans une des maisons de repos d’Aï Petra, aux environs de Yalta. On leur a signifié le matin suivant qu'elles devaient partir et elles ont été littéralement mises à la rue. L’une d’entre elles raconte : « Le médecin du pensionnat m’a fait un long discours sur les bandéristes qui se promènent librement dans Kiev. Pour lui la capitale est un coupe-gorge où on vole et assassine … C’est le point de vue de beaucoup de Criméens,même parmi les gens cultivés ! »
Объявлено национально-освободительное движение крымских татар
Création du mouvement de libération nationale des Tatars de Crimée. Son but est de restaurer la structure d’état national du peuple tatar disparue en 1783. Nedim Khalilov, un des leaders des Tatars de Crimée : "Tant que nous n’aurons pas retrouvé notre statut étatique en Crimée, nous reconnaîtrons seulement les lois de l’Ukraine et les normes du droit international et non la législation russe."
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F27%2F53%2F0%2F124610965_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F85%2F80%2F0%2F122208820_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F86%2F88%2F0%2F122076513_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F40%2F61%2F0%2F122065711_o.jpg)