Brèves de prétoire
Le procès contre Sentsov et Koltchenko passe inaperçu à Rostov, on ne constate aucune action de soutien, seuls quelques activistes sont présents dans la salle.
https://www.youtube.com/watch?v=VWRvecVZwM0
Margos Tiratsouian : «Bien sûr, nous soutenons Sentsov et Koltchenko, mais les gens d'ici sont tellement lassés par les informations sur le conflit en Ukraine qu'ils accordent davantage d'attention à leurs propres soucis quotidiens, et ils n'en manquent pas.»
Un autre activiste, Vladislav Riazantsev, s'est proposé comme défenseur des droits civiques de Koltchenko, ce qu'a refusé le juge Mikhaïlyouk, comme il avait refusé la demande analogue de Natalia Kaplan-Kotchneva pour son cousin Oleg Sentsov.
http://www.svoboda.org/content/article/27142178.html
Il n'y a pas de représentants officiels de la presse ukrainienne. Quand Alena Katalko, attachée de presse du tribunal, énumère les noms des journalistes accrédités, Oleg Sentsov commente avec une pointe de déception : «Il n'y a pas de journalistes ukrainiens qui ont demandé leur accréditation ? Bon, c'est parfait ...»
La couverture informationnelle de ce procès semble indiquer toutefois que certains d'entre eux ou bien sont présents dans la salle ou bien sont directement informés par leurs collègues russes.
Avant le début de l'audience, Dmitri Dinze, un des avocats de Sentsov, a émis des doutes quant à l'impartialité du tribunal : « Nous n'attendons pas grand chose de ce jugement, la condamnation est déjà décidée et Sentsov le sait. Nous nous battrons pour que la peine soit la moins lourde possible, et non pour démontrer son innocence, car personne dans cette salle n'est prêt à entendre nos arguments.»
Le consul ukrainien demande en vain l'autorisation de rencontrer les deux accusés, on lui répond que la Crimée étant russe, ses habitants le sont aussi et donc ne dépendent d'aucune juridiction ukrainienne. Quand le consul réitère sa demande, arguant du fait que Sentsov et Koltchenko sont détenteurs d'un passeport ukrainien et d'aucun autre, le juge fait mine de satisfaire à sa demande et lui annonce que cette visite pourra avoir lieu, mais seulement quand la condamnation aura été prononcée.
Oleg, s'adressant à ses juges : https://www.youtube.com/watch?v=Y-XHcaHNS1k
« Vous me demandez où j'habite ? A Rostov. Comment ça, non ? C'est pourtant mon adresse, dans la cellule n°2. Ce jugement, c’est votre affaire, pour moi ce tribunal n’est pas un tribunal, vous pouvez donc faire ce que vous voulez. »
Quelques phrases qu'Oleg Sentsov a pu échanger avec les journalistes au cours de cette première journée : «Nous sommes trois dans la cellule, il y a un téléviseur, que des chaînes russes, du Kissilev en permanence. Je suis au courant de ce qui se passe en Ukraine grâce aux informations, mais je ne peux guère les commenter car je n'ai pas une vue d'ensemble. Il faudrait que je puisse parler avec de vraies gens. Je lis beaucoup, je viens de terminer le seul livre de Remarque que je n'avais pas encore lu, L'Arc de Triomphe. Il y a une bonne bibliothèque ici. Pendant le transfert, beaucoup de détenus m'ont demandé d'où je venais. Quand je leur ai parlé de Maïdan, si vous saviez ce que j'ai entendu ...! Ils répètent comme des perroquets ce qu'ils ont entendu à la télé, beaucoup soutiennent Poutine.»
La prochaine audience se tiendra le lundi 27 juillet à 10 heures, le tribunal siègera tous les jours de la semaine, à l'exception du mardi 28. Seront sans doute entendus Afanassiev et Tchirny, deux témoins de l'accusation, condamnés à 7 ans de camp dans l'affaire des "terroristes de Crimée". Aussi innocents que Sentsov et Koltchenko, ils n'ont pas supporté les actes de tortures et ont "avoué" tout ce que demandait le Comité d'enquête en échange d'une peine "allégée". A part eux, l'accusation n'a rien dans sa manche ...
***
Nikolaï Polozov : « Le procès de Nadia Savtchenko commence le 30 juillet à 11 heures à Donetsk (oblast de Rostov) par une audience préliminaire à huis clos. » (Procédure habituelle, déjà constatée pour Sentsov et Koltchenko. )
Au moment où j'écris, Vera ne sait toujours pas où sa soeur est détenue : à Rostov même ou dans une ville plus proche du "petit Donetsk" ? En cas de transfert, la loi russe permet de ne communiquer aucune information sur un détenu pendant dix jours. Nadia Savtchenko a quitté Moscou sans doute le 17 juillet. Elle peut donc rester au secret pendant cinq jours encore ..